Le CDI intérimaire, symbole de la flexisécurité à la française ?

Le CDI intérimaire, symbole de la flexisécurité à la française ?

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 En 2014, c’est dans l’indifférence la plus totale que le CDI intérimaire est créé. Aujourd’hui, il rencontre un certain succès, et est supposé contourner les difficultés liées à l’intérim « structurel ». Mais est-il réellement le symbole de la flexisécurité à la française, comme certains aiment le dire ? Adaptel vous donnes des éléments de réponse…

Qu’est-ce que le CDI intérimaire ?

Lancé en 2014, le CDI intérimaire a été officiellement adopté le mercredi 1er août 2018 dans le cadre du projet de loi Avenir professionnel. Pour rappel, il s’agit d’un contrat où il y a 3 parties prenantes : l’intérimaire, l’entreprise employeuse et l’agence d’intérim.  

Le principe est simple. Le collaborateur est employé en CDI par l’agence d’intérim qui va le laisser à disposition de ses clients pour conduire des missions dont la durée peut aller jusqu’à 36 mois. Il garantit ainsi un salaire payé par l’agence qui emploie l’intérimaire entre deux missions. Ainsi qu’un accès aux congés payés et de profiter de divers avantages sociaux comme une mutuelle.

CDI intérimaire : totale précarité ou fin du chômage ? 

Avec le CDI intérimaire (CDI.i), tout le monde semble en effet gagnant :

  • L’intérimaire peut sécuriser son parcours grâce au CDI signé avec l’agence d’intérim. Celui-ci lui permet, entre autres, d’envisager la location ou l’acquisition d’un logement.
  • L’employeur peut recruter pour faire face à des besoins temporaires et se créer un vivier de talents et de compétences dans lequel elle pourra trouver ses futurs collaborateurs de long terme
  • L’entreprise de travail temporaire peut fidéliser les intérimaires et les accompagner sur le long terme vers un retour à un emploi stable et durable. Ce sont des “salariés intérimaires”

Autrement dit, le CDI intérimaire répondrait à la fois au besoin de sécurité des intérimaires et au besoin de flexibilité des entreprises. Cependant, tout n’est pas si rose…

Les points négatifs 

En effet, l’intérim séduit beaucoup de personne par sa flexibilité et ses avantage financiers ! Or, avec le CDI-i, nous pouvons dénoncer une certaine précarisation des intérimaires. 

C’est effectivement un contrat qui ne bénéficie ni des avantages du CDI classique, ni de ceux de l’intérim traditionnel. 

Ainsi, la prime de fin de mission disparaît, ainsi que la prime de congés payés. Cela représente tout de même 20% de revenus en moins ! De plus, il laisse très peu la place aux évolutions de salaire…

Les conditions sont elles aussi assez précaires. En effet, l’intérimaire dispose d’une demi-journée seulement pour répondre. Il doit accepter toutes les missions proposées, même moins bien payées, ou éloignées de son domicile. 

Pour finir, les congés payés sont imposés pendant les périodes d’intermission, et les intérimaires profitent très peu de leurs droits à la formation. 

Des résultats mitigés ?

À l’heure où 10 % des effectifs d’intérimaires disposent d’un CDI intérimaire, le succès de ce dispositif ne peut être contredit.

Cependant, le turnover semble être également au rendez-vous. Selon Franck Picaud, de Force ouvrière, sur les 36.000 contrats signés depuis sa création, 15.000 sont déjà rompus. Soit presque 42% !

Alors, véritable tremplin vers l’emploi, contrat hybride entre contrat à durée indéterminée et emploi temporaire, moyen pour fidéliser les intérimaires, ou précarisation de l’intérim ?