Dans le secteur hôtelier, entre février 2020 et février 2021, les effectifs ont chuté de 237.000 salariés. Ils étaient 1,309 million et ne sont plus que 1,072 million. La crise sanitaire à particulièrement touché l’hôtellerie restauration et nombre d’hôtels en sous-effectif éprouvent de grandes difficultés à embaucher. Adaptel vous en dit plus.
Le manque de personnel, des sous-effectifs historiques.
La crise de la Covid-19 aura provoqué aussi celle de l’hôtellerie restauration en lui faisant perdre 237.000 employés en l’espace d’un an selon l’étude de la direction de l’animation, de la recherche et des études statistiques (DARES) publiée en septembre dernier. Alors que sur la même période d’avant Covid en 2018-2019 et 2019-2020, le secteur recrutait 50.000 nouveaux salariés par an. Et combien même ce secteur est habitué à un fort turn-over, les années normales, 420.000 postes se renouvellent, c’est-à-dire un tiers des effectifs habituels. Alors que pendant cette période 2020-2021, seulement 213.000 candidats ont intégré les rangs de l’hôtellerie restauration, ils sont 450.000 à les avoir quittés contre 370.000 l’année précédente, soit un déficit de départs de 71.000 de plus.
La reprise des activités et la levée des restrictions ont mis en lumière les grandes difficultés à recruter. En février 2021, 722.000 employés, soit 67 % des effectifs, sont mis en activité partielle. 7 % d’entre eux cumulaient déjà plusieurs contrats dans d’autres secteurs, ce sont donc 21.000 personnels de plus qui ont quitté l’hôtellerie restauration par rapport à l’année précédente pour rejoindre un tout autre domaine d’activité. 25.000 autres alors au chômage partiel ont eu un deuxième contrat de travail ailleurs pendant la fermeture, soit 46.000 salariés potentiellement indisponibles au moment de la réouverture des établissements (source DARES).
Nouveaux choix de vie, une cascade de démissions.
Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Si en juillet 2021, 33.800 employés ont démissionné, pour le même mois un an avant on ne comptait que 21.200 démissions et 29.800 en 2019. Des chiffres en hausse également quand on regarde les licenciements, 14.900 d’entre eux étaient concernés en juillet 2021 pour abandon de poste contre 10.300 en 2020 et environ 12.000 en 2019. Même si des augmentations de salaires devraient bien se mettre en place rapidement et en parallèle la défiscalisation des pourboires par carte bleue annoncée par le président de la République, rien ne garantit que cela suffise à enrayer la pénurie de main-d’œuvre et fasse revenir suffisamment de candidats.
Les conséquences du sous-effectif dans les hôtels.
En septembre 2021, une enquête commandée par thecommerceclub.org révèle que 94,5 % des hôtels dans le monde sont en sous-effectif. Ne pas avoir suffisamment d’employés alors que la reprise du tourisme est là, déclenche une avalanche de conséquences lourdes qui nuisent à la qualité de votre service client, et impact de façon négative vos notes sur Google, Booking ou encore Tripadvisor. Pendant la première pandémie en 2020, la prédiction du World Travel and Tourism Council était que 121 millions des 330 millions d’emplois dans le monde liés au tourisme seraient perdus au cours de cette même année. Recruter et conserver du personnel se trouve être le plus grand défi à relever dans les mois qui viennent.
Maintenir un bon niveau de services malgré des hôtels en sous-effectifs.
Nonobstant, certains hôteliers ont su conserver leur personnel et maintenir un niveau de services élevé. Il ne s’agit pas d’un tour de force, mais d’une gestion différente de la situation. Pour cela, ils ont considéré que leur personnel était le principal atout de leur établissement et ont conservé chaque employé malgré tout pendant la fermeture et ont profité de ce temps pour continuer à les former. La réflexion est logique, d’abord, ils ne voulaient pas perdre les investissements de leurs formations déjà financées et effectuées, ensuite, profiter de ce temps pour élever leur niveau professionnel et enfin avoir des équipes complètes pour la reprise et ne pas avoir à ce moment-là un gros risque de pénurie de personnel qualifié.
D’autres dirigeants d’entreprises n’ayant pas choisi ou pu garder leurs salariés se sont tout simplement retroussé les manches. Ils ont appliqué la majeure partie du temps la politique du « tous sur le pont » et de la solidarité avec leur personnel se trouvant en sous-effectif. Participant, eux aussi, aux diverses activités obligatoires pour le bon fonctionnement de leur établissement. Ils ont su avoir et promouvoir une bonne communication, être à l’écoute, compatissants, comprendre que cette situation mettait aussi leurs salariés sous pression et leur apporter un réel soutient, et ce, sans leur demander l’impossible, ce qui n’aurait eu comme unique résultat que des démissions supplémentaires.
Il n’est pas nécessaire d’être un grand économiste pour comprendre les raisons pour lesquelles un grand nombre des salariés du secteur manquent à l’appel aujourd’hui. Beaucoup d’entre eux ont trouvé des postes dans d’autres domaines manquant de main-d’œuvre et qui pendant la crise étaient autorisés à travailler. Mais également ou les salaires sont si ce n’est meilleurs au moins équivalents, mais sans les contraintes. Toutes ces raisons laissent aujourd’hui la majeure partie des hôtels en sous-effectifs.